Prétexte éditeur
Revue
Edition

Présentation
La critique littéraire
Les traductions
Presse index
Catalogue prétexte
Les entretiens
Les bibliographies
Les liens
Plan du site

Le critique littéraireeMail
 La critique littéraire > Notes de lecture: et > Michael Palmer

Michael Palmer
Notes pour Echo Palmer
Spectres familiers , 1993
(Prétexte 8)


'oeuvre de Michael Palmer a commencé à nous parvenir par des traductions en revue, dans l'anthologie 21 + 1 poètes américains en 1986, puis par un extrait de Sun, Série Baudelaire, paru en 1989. Avec Notes pour Echo Lake, le lecteur français dispose enfin d'une traduction intégrale d'un recueil qui est peut-être, avec Sun, l'un des plus importants et des plus représentatifs du travail de Palmer.

Douze "notes" rythment cet ensemble comme une année métaphorique (dixit Palmer) à partir de laquelle s'effectue la recherche d'une constitution du sujet dans l'emploi de la langue. Ainsi le poème se fait interrogation persistante, à travers la subversion du langage, des multiples développements que supposent les problèmes de la re-présentation, de l'identité et de la fiction dans l'espace poétique. Les mots errent d'erreur en erreur sans parvenir à trouver une fin, une raison, une stabilité : filaments de discours, de sons, collision d'une phrase avec une autre, agrammalité, attente déçue des habitudes du lecteur, renvoyées plus loin, dans un doute reconduit, voilà quelques unes des structures dont Palmer joue à plaisir. Ceci n'a d'autre effet que de provoquer l'attention du lecteur qui, sans cesse en éveil, se doit de partager la progression, les écarts et les ruptures de l'écriture afin que l'oeuvre prenne réalité : «voix à travers un mur. Elles sont là parce que nous les entendons qu'est-ce que nous entendons. Le ton s'élève vers la fin pour indiquer une question». Le "message" est ici sans cesse intercepté puisque «dans le récit le sujet disparait ne disparait jamais», qu'une phrase, idée, question peuvent surgir à l'improviste et couper le fil du discours, désunifier une voix poétique que l'on a trop tendance à considérer comme unique. Aucune facilité accordée donc dans la lecture des poèmes de Palmer conçus comme «un projet de "penser contre", une antimimesis en face de tout ce qui /.../ paraissait indicible et irreprésentable». Palmer conclut en disant que ce livre qui est «demande et interrogation d'un espace qui n'est pas, ou qui n'est pas encore, /.../ maintenant je le lis moins comme une oeuvre hermétique qu'exploratrice, désirant un monde». C'est à nous alors de reprendre ce désir en nous, d'engager notre lecture dans le questionnement du poème, non pour y trouver une réponse, mais pour relancer la question de «façon à troubler des choses autrement claires»

Lionel Destremau

> Retour au sommaire : "Notes de lecture : et"
 
 ©