Jean-Paul Auxémery | Parafe Flammation, 1994 (Prétexte 5/6) |
a poésie d'Auxeméry sera donc parafée, elle s'emplira de ses résonances, de ses propres renvois comme d'un miroir du monde dans lequel se reflète l'image de l'Autre. De multiples figures parsèment ainsi le recueil : figures animales, impressions d'Afrique, qui glissent lentement vers d'autres cultures, s'y arrêtent, s'associent et se dispersent bientôt dans les mouvements de la langue et du vers. Les jeux textuels alternent alors avec le retour à la rime, le poème narratif et la méditation historique avec le questionnement du corps, les références littéraires (Lucrèce, Vallejo, Sappho, HD, Pound,...) parsemant ces pages du souffle tournant de l'écho. La voix se fragmente en de nombreux éclats de sens qui s'informent mutuellement, se transforment, créent une voix sans sujet : «l'ombre est offerte & la lumière, / où l'homme cesse d'errer, lui-même / enfin devenu arbre et pierre». La prise de conscience de soi n'est qu'un passage, l'effritement d'une parole personnelle pour accéder, retrouver peut-être, son origine indivise dans la présence d'un chant. C'est là toute la matière de la poésie d'Auxeméry, et peut-être, aussi, la matière du réel.
«Et que vaut une signature ? Effacement, masque ultime de soi, disparition - la ligne ayant été accomplie, le souffle repris, et les mots ordonnés».
Lionel Destremau
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