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 La critique littéraire > Notes de lecture: fr > François Muir

François Muir
Le Palais des haches
D. Devillez éd., 1995
(Prétexte 10)


    ifficile, difficile de parler d'un tel roman, ou bien faudrait-il user d'une multitude de métaphores à renouveler sans cesse, à réinventer à chaque page que l'on tourne, à chaque pas que l'on fait à l'intérieur du monde merveilleux et inquiétant de Dynaste Hercule, héroïne du livre et Reine de ce pays fantastique. Et bien que l'éditeur ait pu croire bon de glisser une note au milieu de ces pages afin d'avertir le lecteur qu'aucune référence littéraire et qu'aucun rapprochement n'étaient envisageables, je ne résiste pas à citer quelques uns des noms qui me semblent venir dès la lecture des premières pages du Palais des haches. S'y mêlent tour à tour les accents d'un gigantisme rabelaisien où l'on retrouve avalés, digérés, déglutis quantité de matières, éléments, objets, les aléas et les attentes d'une épopée qui n'est pas s'en rappeler la littérature médiévale d'un Béroul ou d'un Chrétien de Troyes, les éclats et les surprises d'une reine enfant dans un nouveau "pays des merveilles" que Lewis Caroll n'aurait probablement pas dédaigné de parcourir, enfin, le "Plume" de Michaux aurait peut-être trouvé en Dynaste une digne héritière à en juger par la manière dont s'effectue certaines des rencontres sur ces territoires où l'aventure se nomme "imaginaire" :
     «Cornant à pleins poumons s'avança bientôt une dame toute menue. /.../ Elle se jeta sur moi, hurlant qu'elle était la nouvelle esthéticienne, m'arracha la tête, en fendit l'enveloppe crânienne, m'obtura la bouche à l'aide de fibres végétales, maintint la fente de mes paupières ouverte. "Quel âge avez-vous, madame Sirkis ?", fis-je, en riant aux éclats».
     Le Palais des haches aurait pu s'intituler tout simplement "Liberté de rêver", tant ce conte regorge de trouvailles. Mettant en scène l'adolescence dans toutes ses peurs et ses cruautés innocentes, dans ses révélations les plus fabuleuses et les plus cuisantes, François Muir a réussi à mêler les rêves les plus enfouis aux réalités les plus contemporaines, osant lâcher la bride de rhétorique, d'effet de réel ou de toute autre contrainte qui pèse d'habitude sur le roman. Au lecteur de se laisser maintenant aller dans les arcanes de cette écriture aussi fantasmée que fantasmatique.

    Lionel Destremau


    François Muir cf.notice de l'auteur

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