Prétexte éditeur
Revue
Edition

Présentation
La critique littéraire
Les traductions
Presse index
Catalogue prétexte
Les entretiens
Les bibliographies
Les liens
Plan du site

Le critique littéraireeMail
 La critique littéraire > Notes de lecture: fr > Patrick Watteau

Patrick Watteau
Douze questions de Mendicité
et
Rien simple ou pur

Unes, 1998
(Prétexte 17)


    «D'autres diront : quel espace de temps, pour quelle différence ?» 

     Avec ces deux recueils, Patrick Watteau nous donne à lire une écriture où la métaphore n'a plus cette capacité salvatrice, qui permettrait au langage une ouverture, une extension de sens. Elle devient au contraire comme le point nodal de sa dégradation. Douze questions de Mendicité fait ainsi retour sur un parcours originel - l'homme naît d'une grotte dans laquelle les mots ne sont encore que des borborygmes pour définir viande, chair et sang, monde et environnement - une incarnation exacte peut-être, lorsque langage et corps cheminaient ensemble. Et puis, au fil des questions posées, des réponses de plus en plus énigmatiques se font jour - des réponses qui s'éloignent, lentement mais sûrement, de l'humain, pour devenir discours face au néant, déchets de mots, impuretés maintenues vives, seules miettes qui survivent à la folie des hommes, «peaux mortes de la tête», «âmes venimeuses».
     Toute ferveur se voit ainsi remise en cause, toute sainteté devient illusion : «Charpie sur la figure / et hachis cru, / goitres de saint / pour frais de poinçonnage». L'homme n'échappe alors à sa solitude que dans l'observation phantasmée de son nombril, quand le cri est devenu «crachement» et le silence «rogneux». Avec Rien simple ou pur, Watteau poursuit ce schéma d'une pauvreté de l'âme humaine en de courts quatrains qui disent, chacun à leur manière, «la vie, la cognée de la parole - / mais pas une sans lui : ce quelque chose de malheureux». Pour Watteau, l'homme en quête perpétuelle de son identité ne trouve jamais que des réponses en forme de faux-semblants, dont il se suffit parfois, bien que la fondamentale proximité avec l'autre semble à jamais impossible et perdue : «Royaume, le règne est mis sur notre absence / et c'est un pas soulevant la distance, / et c'est l'attachement comme immobiles»...

    Lionel Destremau

    > Retour au sommaire : "Notes de lecture : fr"
     
     ©