Prétexte éditeur
Revue
Edition

Présentation
La critique littéraire
Les traductions
Presse index
Catalogue prétexte
Les entretiens
Les bibliographies
Les liens
Plan du site

Les entretienseMail
 Les entretiens > Entretiens éditeurs > Gérard Bobiller

Gérard Bobiller
Verdier éditeur - Prétexte 9


Revue Prétexte : Une question rituelle pour commencer : qu'est-ce qui a motivé la création des éditions Verdier (circonstances, dates, choix du nom) ?

Gérard Bobillier : Les circonstances de la création de Verdier ne sont pas précises. Disons que nous portions en nous depuis fort longtemps cette idée du livre et c'est vers la fin des années soixante-dix que nous sûmes que nous allions la servir de cette manière. Très simplement. Quant au nom, puisque de toute évidence nous ne pouvions lui donner un nom de personne, nous avons choisi celui que porte le lieu, la maison de Lagrasse, où nous continuions notre chemin sous cette forme nouvelle : les éditions Verdier.


RP :
Votre catalogue comprend des rubriques traditionnelles (littérature française, italienne, sciences humaines, etc.) et des rubriques plus originales, comme "Littérature et tauromachie", "Littérature polonaise", "Textes de la tradition hébraïque". Les éditions Verdier ont-elles une ambition encyclopédique ?

GB : L'encyclopédique, c'est ce qui embrasse l'ensemble des champs de la connaissance, notre catalogue ne saurait résumer la connaissance, pour une simple raison (indépendamment de celle du temps) : nous ne sommes pas compétents en tout et pour tout. Mais il n'en demeure pas moins que notre engagement politique passé nous fait tendre vers la nécessité de l'universel, nécessité servie là aussi par des hommes et des femmes qui offrent leurs qualités propres à travers notre catalogue.


RP :
On vous sent à la fois ouvert aux différentes formes d'expression littéraire, à la fois méfiants à l'égard des sirènes commerciales. Vous arrive-t-il de déroger à vos propres exigences ?

GB : L'édition des textes fondamentaux de la philosophie ou des spiritualités, la littérature de création ne sont pas, vous vous en doutez, des océans de profit, aussi nous n'avons pas lieu d'être méfiants à l'égard des sirènes commerciales qui fréquentent peu les sentiers escarpés sur lesquels nous avançons difficultueusement.


RP :
On peut dire que, globalement, vous privilégiez la littérature contemporaine, qu'elle soit française ou étrangère. Comment choisissez-vous vos auteurs ? Souhaitez-vous qu'il y ait des filiations, des communautés de thèmes ou d'écriture ?

GB : En littérature, notre intention ne vise pas un genre particulier, ou une "école". Par leur tonalité, leur mode d'expression, leur ambition même, nos textes diffèrent largement. Mais ce qui fait leur point commun, c'est qu'ils refusent toute forme, fût-elle moderne, de rhétorique ; ils ne se laissent pas prendre au miroir de leurs propres mots. Bref, c'est Platon qui m'offre la meilleure définition de ce qu'au mieux, nous voudrions éditer : des textes où la promesse de la langue ne s'énonce jamais qu'en tension avec celle de la conscience. Ainsi, nous espérons que ce que nos auteurs trouvent chez nous, c'est une complicité dans cette intention.


RP :
Après Vie de Joseph Roulin et Maîtres et serviteurs, vous publiez aujourd'hui de Pierre Michon La Grande Beune et Le Roi du bois. Comment cet écrivain, initialement publié chez Gallimard, s'est-il intégré dans votre catalogue ?

GB : Sur le fond, Pierre Michon est le bel exemple de ce que nous venons de dire plus haut. Si Michon a choisi de nous confier quatre textes à ce jour, c'est d'une part par amitié - je veux parler de la complicité qui s'est instaurée entre nous dans les années quatre-vingt autour de la lecture enthousiaste que nous fîmes de Vies minuscules - et d'autre part à cause de la volonté et de la capacité que nous manifestons à déployer - via la chaîne du livre - ses textes. Maintenant, vous dire si Michon s'est intégré à notre catalogue, je ne le peux pas, mais j'espère que non car nous ne sommes pas un parti mais un mouvement.


RP :
Quel regard portez-vous sur la situation éditoriale en France, et comment vous-même vous situez-vous par rapport à l'ensemble de la production ?

GB : Nous portons un regard inquiet mais pas désespéré. Le sort du livre est lié à celui de la cité bien sûr et c'est l'aspect sombre actuellement ; mais nous croyons que le livre doit anticiper, c'est-à-dire aujourd'hui comme toujours tenter de dire la continuité de l'utopie et de la révolution.

Propos recueillis par Jean-Christophe Millois. Gérard Bobillier a répondu à cet entretien par écrit.


Gérard Bobiler cf.notice de l'auteur

> Retour au sommaire "Entretiens éditeurs"
 
 ©