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" Historique "

ne revue, par définition, est une création éphémère. Rares en effet sont celles qui parviennent à subsister au-delà des deux ou trois premières années d'existence. En cinq ans d'existence, Prétexte a publié 22 numéros et 9 carnets hors-série. Quand nous l'avons créée en août 1994, nous étions bien incapables de supposer qu'elle tiendrait aussi longtemps, et c'est probablement la perspective d'une vie plus brève qui nous a conduits à invoquer des motifs qui, avec le recul, peuvent paraître péremptoires.

À l'époque, nous partagions tous deux (Jean-Christophe Millois et Lionel Destremau) le sentiment que la critique littéraire s'essoufflait et que globalement sa configuration était lacunaire (les cahiers "livres" des quotidiens produisant en toute logique une critique de type journalistique ; des publications universitaires laissant, à de très rares exceptions près, peu de place à l'analyse des contemporains ; des magazines comme Les Inrockuptibles, Le Magazine littéraire ou Lire adoptant fréquemment le ton des quotidiens ; et enfin des revues stricto sensu reléguant souvent l'actualité aux notes de lecture en fin de volume). En créant Prétexte, nous avions l'ambition, très modeste soit dit en passant, d'ouvrir un nouvel espace critique qui s'attache à analyser, si possible à mettre en lumière, des littératures dont, selon nous, on ne mesurait pas véritablement l'importance. Nous avons, de fait, voulu ménager un espace qui soit le plus libre possible, où chacun des intervenants puisse s'exprimer selon ses voeux. La seule condition à laquelle nous nous sommes véritablement subordonnés fut contenue dans l'indication qui a toujours accompagnée le nom de la revue en couverture dans sa version papier : «littératures contemporaines».
L'éclectisme donc, avec ce souci constant d'une contemporanéité des sujets, des auteurs et des textes traités - cela n'excluant pas les textes étrangers assez anciens mais dont la traduction française était récente. Quant à la question du choix à proprement parler de ces sujets, de ces textes, de ces auteurs, elle nous semblait d'autant plus secondaire que la rédaction ne commandait aucun article (tout au plus proposait-elle des pistes si la demande avait été formulée, et invitait-elle à participer à un dossier thématique consacré à un pays ou à un auteur en particulier). Et quand bien même la rédaction ne partageait pas les goûts des intervenants, leurs articles étaient publiés s'ils remplissaient la condition dont nous parlions (et, cela va sans dire, s'ils étaient intéressants et correctement formulés !). En outre, nous avons évité de trop souvent traiter des mêmes auteurs et avons cherché à maintenir un certain équilibre entre les différentes formes critiques, nous gardant, par exemple, de constituer des dossiers consacrés à des oeuvres qui ne soient qu'une suite d'hommages. Les textes, aussi, s'avérant n'être que des polémiques rapides, sans fondement, ne nous intéressaient pas. Il n'empêche qu'une tribune, et parfois des dossiers, ont été réservés aux débats d'idées et aux textes dont la visée se voulait plus générale qu'un commentaire d'oeuvre. C'était davantage une manière d'engager des discussions avec le lecteur que de lui infliger des préceptes idéologiques ou théoriques.

Bien sûr, personne n'est parfait, et Prétexte avait ses qualités et ses défauts. Certains lecteurs nous ont signalé leur préférence pour ce temps où la revue était façonnée avec une reliure agraffée, où sa mise en page était plus aérée, son coût ridicule (18 F. !) ; d'autres l'ont trouvée à certains égards trop universitaire dans son propos critique ; d'autres encore ont estimé qu'il lui manquait une ligne précise, qu'elle partait un peu dans tous les sens, et surtout qu'elle ne manifestait pas un engagement suffisamment soutenu envers telle tendance ou tel courant d'idées. Sur ce dernier point en particulier, peut-être nous faut-il répéter une évidence : la naissance de Prétexte, à l'image de beaucoup d'autres revues, a été le fait d'un désir de littérature, d'un plaisir de lecture, et ce avant toute autre considération. De sorte qu'il nous est apparu plus utile de défendre et illustrer, présenter et commenter, que de crier au loup en dénonçant certaines démarches éditoriales, certains "coups" médiatiques, certaines aberrations dans la remise des prix littéraires, etc. À nos yeux, les choix des intervenants suffisaient à signifier quels étaient leurs goûts, mais surtout leur manière d'appréhender le champ littéraire actuel. Il est entendu qu'un grand nombre d'auteurs dont nous souhaitions parler ne sont pas apparus dans les pages de la revue, et que nous comptions combler ces lacunes au fil des parutions. Prétexte s'est créée pour et vers la littérature, et non contre elle. Elle s'est voulue un lieu où des "enjeux" d'écriture étaient questionnés, - et non posés a priori comme un cahier des charges à respecter coûte que coûte -, où les convictions se voulaient implicites, ne s'occupant guère des dogmes. Jacques Dupin, dans un entretien accordé à la revue, a tenu ces propos qui nous paraissent définir au mieux notre démarche : «Vous parlez de la politique. Elle est pour moi présente dans chaque mot que j'écris. Mais je ne crois pas pour autant qu'il faille que l'écrivain s'enrôle dans un parti, dans un groupe, et signe à la volée toutes les protestations, manifestes qui circulent». La question d'un "engagement" n'a jamais été portée comme un étendard, mais entendue comme évidence inscrite dans le pouvoir subversif du langage, de l'écrit, de la création littéraire, et parler de littérature a pu, sous ce rapport, être vécu comme un acte politique.

Notre souci principal ne fut donc pas d'afficher un parti pris pour en combattre un autre, mais plutôt de rendre compte des différentes tendances qui existent, et notamment en donnant la parole le plus possible aux différents acteurs de la vie littéraire. La revue s'est constituée autant comme un lieu d'expression que comme un outil. Évidemment, nous ne sommes ni les premiers ni les derniers à oeuvrer en ce sens - en témoignent par exemple des revues comme Scherzo, L'Animal, Écritures, Calamar, Hesperis, Le Matricule des Anges etc, qui ont chacune leur façon d'aborder le travail critique et qui chacune remplissent un rôle. Et il nous semble en tout état de cause que le travail effectué par Prétexte durant ces quelques années a contribué à faire mieux connaître des figures et des courants, et que de nombreux aspects de la littérature contemporaine auraient pu encore faire l'objet de dossiers, de découvertes ou d'entretiens.

Avec la fin annoncée de la revue, pour nous lancer dans une nouvelle aventure (voir la section L'Ultimum), nous avons souhaité une forme de résurrection ou de perduration du travail effectué, en ouvrant sur ce site différentes rubriques regroupant une sélection d'articles, d'entretiens, de traductions parus dans Prétexte.

Pour l'heure donc seule une petite partie de la revue est disponible en ligne et toutes les rubriques ne sont pas tout à fait représentées (par exemple les dossiers thématiques consacrés à une littérature étrangère contemporaine dont, dans quelques temps, les introductions et synthèses d'histoire littéraire contemporaine seront accessibles).

Faites un tour sur le site, envoyez-nous vos remarques sur sa construction, sur les pages qui vous semblent défectueuses, ou par exemple sur ce que vous souhaiteriez voir apparaître rapidement en ligne et qui manque à l'heure actuelle. Je tenterai de vous répondre par retour de mail dans les plus brefs délais.

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