Descriptif
:
L'écriture
poétique de Benoît Casas participe d'un ensemble de contraintes
apposées à un corpus pré-défini, que l'on peut résumer ainsi
: les livres de Benoît Casas se composent d'autres livres.
L'Amant de Sophie correspond au traitement, en écriture,
d'une année de lecture de l'auteur (en l'occurence l'année
1997, pour ce premier ouvrage). A partir de la lecture de
ces livres-outils (classiques et contemporains, de tous genres),
Benoît Casas compose ce qu'il nomme un mille-feuilles citationnel
complexe, reprenant les extraits soulignés par lui lors de
la lecture initiale de tel ou tel livre. Lorsque toutes les
citations prélevées sont reprises, un amalgame homogène de
prose est constitué (toutes les citations sont mises bout
à bout, sans recomposition de lien syntaxique ou grammatical)
en un ensemble de blocs de textes et de pages. Alors commence
véritablement "l'écriture", tel que l'entend Benoît Casas,
c'est-à-dire non plus l'acte de noircir une feuille avec de
l'encre, mais bien l'inverse : partir de ces blocs de texte
déjà composés, et en blanchir des parties (l'auteur n'efface
pas le texte qu'il souhaite soustraire, il le passe en typographie
blanche). Il procède ainsi à ce qu'il nomme une écriture "soustractive
(ou éblouissante) et conjonctive", puisque les blancs de la
page ne sont pas à proprement parler des blancs, des espaces
vides, mais bien du texte "ébloui".
L'Amant
de Sophie se présente cependant comme un livre de poésie
à part entière, et non comme l'unique aboutissement d'un procédé
formel. Benoît Casas n'explique nulle part dans le livre sa
"fabrique" poétique, en outre, son travail d'écrivain, - dans
l'intentionalité même de sa démarche "d'éblouissement" du
texte, sa quête de sens et sa recherche d'une voix propre
- est conservé. A la fois entreprise de traduction d'une bibliothèque
(celle de l'auteur), mise au jour d'une expérience de lecteur
(avec tout ce que cela comporte : réflexivité, émotivité,
éveil du sens, pensée, interrogation sur la langage, etc.)
et acte d'écriture d'une poésie qui cherche sa langue, L'Amant
de Sophie est appelé à se lire donc sur plusieurs niveaux
: d'une part en tant que livre qui a son propre mode de résonance
intérieure ; d'autre part en tant que la première "séquence-livre"
s'inscrivant dans un projet d'écriture plus vaste (D i.e.,
livre de poésie et livre de prose trouée, tel que l'explique
l'auteur).
L ’auteur :
Benoît
Casas est lecteur, éditeur (éditions NOUS :poésie, philosophie...
(Badiou, Hopkins, Roubaud,Wajcman, Zanzotto...)), libraire.
Il écrit de la poésie(des phrases de poésie ou prose trouée),
fait de lapeinture (peindre ? : penser en couleur), voyage
pouren regarder, organise des lectures, prend des photographieset
travaille à une traduction de Hopkins.L'Amant de Sophie (première
partie d'un livre encours intitulé D i.e.) est sa première
publication.
Extrait
:
