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 Les traductions > Poésie étrangere > Andrea Zanzotto

Andrea Zanzotto
traduit de l'italien (Prétexte 14/15)

Poèmes
(extraits de Fragments incertains)
suivi de Renaissances de collines


      Topinambour, plongeon du jaune,
      actes festifs soudains du jaune,
      jaunes frissons baisers,

          baciles-braises

*

Topinambour
    to to torotorotix
      oiselets lilix
      lointains insectes petits de
        jaune abeillifié
          Ur-jaune lilix
*

Topinambour abandonnés
çà et là, chers bambins,
abandonnés aux rencontres
précaires ou aux assemblées infinies
mais toujours un peu distraits par l'infini

*
ô filiation
peut-être infidèle, disent-ils,
de la lumière la plus hérissée,
provocateurs de petits mots, de chuchotis :
provoquer aux appels et aux fins,
reproches eh eh

        jusque dans les jardins

*

Tendre plagiats
du vert et de l'azur des prés
réalisés sur les topinambours ici debandés
de sait-où, sait-on si avant ou jamais plus


NdT : Après sa trilogie Andrea Zanzotto s'est mesuré avec les formes poétiques brèves, comme pour un recommencement. Il a choisi d'évoluer dans les parages du haiku. Pour ce faire, il a souvent eu recours à l'anglais ou au français afin de se défaire de la mémoire poétique italienne. Il a ensuite retraduit en italien ces mêmes vers. Ce type d'expérience est probablement unique en Italie. Étonné d'être présent à la vie, un sujet se construit à travers ses perceptions lumineuses, à travers l'irruption presque hallucinée ou exaltante, c'est selon, des fleurs les plus humbles. Cet état psychologique si particulier se prolonge par une méditation sur la force de la faiblesse, le fugitif, l'éphémère, l'existence elle-même aux confins du sens et de l'absence de sens.


-/-

Renaissances de collines

L'ineffable abondance, aujourd'hui de nouveau constatée, la largesse et la soustraction pérenne, intense des collines, hills, hills, hills, cilium, cilia, cilia, comme une foule jamais lassée de secourir et, dans le même temps, d'abandonner une donation de présences multiplement distraite et rentrant en elle-même, et recourant vers l'infini. Courir en avant de tout visage particulier de sombre-verts agrégés, de tout visage décisif, vert sur vert, était quelque chose de plus que quelque chose de simplement né de la nature et réélaboré par l'homme. De là naissait quelque chose de plus qu'humain et de follement abstrait, mais, de perceptions en perceptions, justement personnifié. Je retrouvais le sens des grands agencements, les vallées plus vastes, les molles montées, ou le sens d'un reflux intime dans les fourrés les plus touffus, escarpés. Justement, chaque lieu, en son lieu : perfections labiles et incontrôlables, mais seulement parce qu'ouvertes, anxieuses d'une liberté bien à elles ou d'une adhésion profonde aux libertés terribles et frétillantes du chaos. Et pourtant, rien de non-casanier, de non-protecteur, rien de dépersonnalisé, d'ailleurs, de mode en mode, départ pour de toujours nouvelles façons d'être, de voir.




© Andrea Zanzotto, extrait de Fragments incertains, inédits, pour les poèmes originaux. © Andrea Zanzotto, Renaissances de collines, Neri Pozza editore, 1995, pour le texte original. Trad. Ph. Di Meo.

Andrea Zanzotto (cf.notice de l'auteur)
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