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 Les traductions > Poésie étrangere > Rafael José Diaz

Rafael José Diaz
traduit de l'espagnol (Prétexte 16)

Transparence

Pour Narciso Calvo Rosales

Transparence, je t'ai atteinte
en croisant un couloir obscur,
dans le silence
de la nuit plus rugueuse.

Transparence,
tu m'as accueilli là où finissent les couloirs,
dans la dernière pièce, quand
je ne croyais plus arriver. Et j'ai vu
ton visage, je l'ai pris de mes mains
tremblantes. Visage d'air,
confondu avec le visage humain
qui m'attendait, endormi
dans la veille amoureuse, dans cette pièce
étroite qui s'est ouverte comme
des eaux après le désert
pour nous deux.

Transparence,
pour te célébrer, pour que ta toile
de légèreté m'enveloppe toujours,
pour que tu sois la couronne
de toute destruction, de toute absence,
j'élève à l'air un chant,
ces mots aveugles transparents,
dans l'unification.


-/-

Les draps

Chaque nuit, quand je défais le lit
pour me coucher, je vois l'ombre de mon corps
sur les draps, les restes
d'une imprégnation ancienne.

Ainsi, chaque nuit, s'étend
mon corps sur l'ombre d'un autre corps
qui n'est plus le mien, ombre du corps
de ma mort, de la plaie secrète
chaque nuit avivée, que nul ne lèche.

Et quand j'éteins la lumière, je ne vois briller
que les draps resplendissants,
qui me recouvrent et effacent,
chaque nuit, l'ombre de mon corps.


-/-

Pour la soif d'un dieu

Milieu du jour, l'été.

Les îles,
dérive des mondes.

Un temple
sur la colline ensoleillée.
Les vestiges, une main suppliante
près de l'autel, colonnes
de légèreté sacrée.

Des pas
sur les chemins qui montent depuis l'eau.
Au-delà, la réconciliation
entre soif et soleil : le scintillement.

Et l'étreinte sacrée des corps,
sans se voir, enlacés les doigts
sur la pierre, ou dans l'air, ou dans le sable
qui contient un fragment de la mort.

Et le feu, enfin,
au centre du feu de l'heure
incendiée, au centre
d'un autel, à midi,
blanc comme la moelle du feu,
le temple, sur le visage des mondes,
les eaux,
tout,
et même cette écume,

pour la soif d'un dieu.




© extraits de El canto en el umbral, Madrid, Calambur, 1997. Trad. Bernard Banoun.

Rafael José Diaz (cf.notice de l'auteur)
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